C’est au 4290, rue Hochelaga, à l’intersection de l’avenue Letourneux, que vient de voir le jour une nouvelle murale réalisée par l’artiste Monk-E et coordonnée par YAM dans le cadre d’une entente annuelle avec l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Ce projet, dont l’origine remonte à 2017, est issu de la collaboration entre plusieurs organismes du quartier : Passages, la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), la Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal (SHAPEM) et YAM.
Monk-E est un artiste multidisciplinaire d’origine montréalaise et de renommée internationale.
Nous sommes allés à sa rencontre lors de la réalisation de la murale pour en savoir un peu plus sur sa démarche artistique et sa vision pour cette murale…
La genèse du projet :
« L’alchimiographie, c’est l’alchimie à travers l’art graphique »
Le concept de cette murale est le résultat d’aller-retour entre les différents partenaires et l’artiste. La volonté première était d’évoquer la Femme (avec un grand f) et de permettre l’évasion et le voyage à travers des teintes et des motifs.
Pour Monk-E, il faut d’abord et avant tout avoir une histoire à raconter. Elle n’est pas toujours littéraire, parfois c’est juste une ambiance, une sensation. Monk-E a imaginé un pèlerinage, un chemin, une recherche de la féminité à travers le désert (l’absence) jusqu’à une oasis (l’abondance), avec des éléments féminins tels que des yeux, une bouche, la lune, des parties du corps, des courbes, des symboles, etc. À ces éléments figuratifs viennent s’ajouter des éléments calligraphiques, comme des mantras, que les partenaires ont voulu transmettre au grand public (solidarité, entraide, féminité…).
La conceptualisation s’est aussi faite à partir des éléments déjà présents sur le mur. En effet, le contexte urbain et l’environnement général dans lequel s’adapte le projet influent sur le concept : c’est ce que Monk-E appelle l’alchimiographie (l’alchimie à travers l’art graphique). L’alchimiographie, c’est prendre les maillons faibles (ou considérés faibles) de chaque projet et les placer au cœur de l’inspiration et de la conceptualisation. Sur ce mur-ci par exemple, tout est très horizontal et il y a une porte qui divise l’espace en deux. Il a donc fallu créer deux idées, comme deux cases de bande dessinée, séparées par la porte. Le rythme, les couleurs, la composition, les éléments graphiques, le style de dessin ont donc été directement influencés par les alentours.
La réalisation du projet :
« L’imperfection du trait donne plus d’authenticité à l’histoire
qui est contée. »
Monk-E mélange les styles (surréalisme, cartoon, abstraction géométrique, calligraphie…) et crée des designs vibrants et dynamiques.
Si certains artistes muralistes s’aident de projecteurs ou d’une grille quadrillée pour faire le dessin de base, Monk-E préfère le dessin à main levée ou l’aide d’un ami pour le guider. Il s’affranchit de la machine et laisse toute sa place à l’essai et à l’erreur. L’imperfection du trait donne, selon lui, plus d’authenticité à l’histoire qui est contée.
Une première couche de peinture est posée, puis les éléments sont posés petit à petit. Monk-E travaille principalement au rouleau avec de la peinture au latex. Il utilise la peinture en aérosol pour les ombres et les lumières uniquement.
En guise de recul, il traverse la route physiquement ou demande à ses amis de lui donner des critiques constructives. Une fois que le tracé est réalisé, il laisse aller sa créativité et sa gestuelle et pose les couleurs.
Ça n’est pas la première fois que Monk-E collabore avec YAM. En 2018, il a réalisé une œuvre magistrale sur le mur des Draperies de l’Est (8050, rue Hochelaga), entre autres.
Bien que la création de murales soit son travail à plein temps, la thématique de ce projet-ci l’a particulièrement touché. Les résidents-es de l’immeuble, les jeunes de l’école et les voisins-es sont venus lui parler régulièrement lors de la création de la murale. L’art dans la rue crée donc indiscutablement un lien social et pour Monk-E, également rappeur, vidéaste et conférencier, c’est très important! Son mot de la fin? Gratitude! À travers les lignes, courbes, couleurs, symboles et lettres calligraphiées, c’est de la gratitude qu’il transmet, à l’égard de toutes les femmes du monde.
YAM et les murales
Pour YAM, la création de murales permet la mise en valeur du mur, du bâtiment et même du quartier dans lequel elles sont réalisées. Faire une murale, c’est orner l’environnement urbain de messages esthétiques, permettre l’expression artistique et la diffusion de la culture. Consulter la page de notre service de création de murales pour plus d’information.