Cette année, deux murales ont été réalisées par l’artiste Borrris et coordonnées par YAM. Elles sont situées au 5955 rue de Marseille et au 4350 rue de Rouen à Montréal.
?Carte interactive des murales YAM
Borrris, artiste conceptuel, illustrateur et muraliste novateur qui explore toutes sortes de style à travers la couleur les formes et la composition. Il nous en dit plus sur son univers, sa démarche technique et ses inspirations.
Selon toi, quelle est la perception des gens du graffiti ?
La photo montre un wagon de New York couvert d’une phrase. L’œuvre complète est tridimensionnelle : D’un côté est écrit “All you see”, de l’autre “Crime in the city”. Comme quoi on voit ce que l’on veut voir.
(Source: Documentaire Style Wars)
La perception des gens est souvent négative. Je peux les comprendre, car ils ne voient que le produit final fait en quelques minutes. C’est normal parce qu’à la base il y a un élément de choc voulu dans la démarche qui déstabilise les gens. Visiblement ça marche parce que les gens se demandent ce qui pousse une personne à faire des graffitis et dépenser de l’argent dans cette pratique.
C’est un art qu’on peut vraiment apprécier qu’en le pratiquant: la recherche de style, les émotions fortes, le mode de vie, les nouvelles découvertes et codes, la camaraderie, etc. C’est une sous-culture qui donne aux jeunes qui ont un regard critique sur la société l’occasion de s’approprier leur vie. Après, ce qu’ils en font, que ce soit bénéfique ou pas pour la société, va dépendre du parcours de chacun.
La conceptualisation s’est aussi faite à partir des éléments déjà présents sur le mur. En effet, le contexte urbain et l’environnement général dans lequel s’adapte le projet influent sur le concept : c’est ce que Monk-E appelle l’alchimiographie (l’alchimie à travers l’art graphique). L’alchimiographie, c’est prendre les maillons faibles (ou considérés faibles) de chaque projet et les placer au cœur de l’inspiration et de la conceptualisation. Sur ce mur-ci par exemple, tout est très horizontal et il y a une porte qui divise l’espace en deux. Il a donc fallu créer deux idées, comme deux cases de bande dessinée, séparées par la porte. Le rythme, les couleurs, la composition, les éléments graphiques, le style de dessin ont donc été directement influencés par les alentours.
Préfères-tu travailler seul ou en équipe ?
Je préfère travailler seul en équipe. C’est-à-dire, j’aime réaliser mon idée à ma manière, mais mon dessin peut faire partie d’une oeuvre plus grande ou plusieurs personnes travaillent ensemble. Le fait de partager des codes similaires dans le graffiti / murale aide beaucoup au bon déroulement d’une peinture collective. D’ailleurs, l’habitude de peindre dehors, côte à côte, est un des aspects positifs de cette culture. En peignant ensemble on apprend beaucoup du côté technique (manière de peindre, trucs, etc.) et côté personnel (relationnel).
Peux-tu décrire ton style et ta façon de procéder ?
Je suis un produit de mon environnement; j’ai donc emprunté à divers courants artistiques qui ont raisonné avec moi, et les a adaptés à ma manière. De par mon éducation, mes inspirations actuelles viennent de l’art moderne des années 1920 à 1960: constructivisme, cubisme, expressionnisme, art abstrait.
Cette sensibilité, mélangée à un style bande dessinée que j’ai développé avec le graffiti, a donné mon style actuel. Je suis d’ailleurs toujours en changement et à la recherche de nouvelles manières d’expression qui vont refléter fidèlement ce que je ressens. Dernièrement j’ai pris un virage plus spirituel / introspectif et m’inspire de l’abstrait. À suivre !
Quels sont les thèmes des murales qui tu réalises ?
Ça dépend du contexte. Pour une murale ou la communauté est impliquée, j’essaie de rendre hommage au lieu en m’inspirant de l’architecture ou de son histoire.à
Pour une peinture personnelle, il y a souvent un questionnement introspectif sur l’humain, l’individu. Mais en vrai je cherche juste à composer avec des formes et des couleurs et me perdre dans la création :).
Comment t’inspires-tu ? De quelle manière passes-tu du plus général au thème concret ?
Attendre l’inspiration, quoique poétique, n’est pas très efficace. L’inspiration vient en travaillant, en consommant l’art, en essayant des choses. Dernièrement je réalise aussi que c’est beaucoup une question d’observation et de perception. J’ai un carnet croquis, mais un journal d’idées et un journal personnel aussi. J’archive régulièrement des œuvres que je trouve intéressantes.
Au fur et à mesure, consciemment et inconsciemment, on commence à identifier nos thèmes de prédilection, des façons de monter l’image, etc.
Pour passer d’un thème au dessin concret, je dessine rapidement ce qui me fait penser au thème, aussi ridicule soit-il. Après 5-10 croquis, je peux déterminer ce qui fonctionne ou pas. Et je recommence ainsi en tâtonnant et en utilisant mon intuition, jusqu’au moment où l’œuvre communique le thème recherché. Je peux prendre une pause entre les séances pour avoir un regard frais sur le dessin. A priori, je me fais un petit dossier dans lequel je note l’ambiance, les couleurs intéressantes, le style visuel qui colle au projet, etc. Chaque artiste à sa méthode, et elle se développe avec le temps.
YAM et les murales
Pour YAM, la création de murales permet la mise en valeur du mur, du bâtiment et même du quartier dans lequel elles sont réalisées. Faire une murale, c’est orner l’environnement urbain de messages esthétiques, permettre l’expression artistique et la diffusion de la culture. Consulter la page de notre service de création de murales pour plus d’information.